Carnac plage en zone inondable : Faut-il encore investir dans l’immobilier ?

Les risques de submersion à Carnac Plage dûs à la montée du niveau de la mer

Avec la montée des eaux générale sur les côtes du Morbihan plusieurs zones côtières sont soumises à des risques d’inondation. C’est par exemple le cas sur la presqu’île de Rhuys mais également sur la petite mer de Gâvres ainsi que sur le littoral de Carnac plage.

D’après les projections faites par les scientifiques toute la zone urbaine de Carnac plage devrait se retrouver sous les eaux d’ici 2050. Pourtant de nombreux biens immobiliers continuent de s’échanger à des tarifs stratosphériques, comme si les acheteurs, en plein déni refusaient d’admettre un phénomène naturel malheureusement inéluctable.

Les risques de submersion marine à Carnac

En rouge, les zones submersibles de Carnac Plage (Source Climat Central)

Quelles sont les risques d’acheter un bien immobilier en zone inondable ? Faut-il encore acheter une maison ou un appartement à Carnac plage ? Les acheteurs actuels sont-ils bien informés ? Ferait-on passer les intérêts économiques d’une des plus importantes station balnéaire bretonne devant la sécurité de ses habitants ?

À Carnac plage les risques de submersion marine sont connus depuis le début des années 2000. Mais c’est surtout depuis la tempête Xynthia de février 2010, qu’habitants et pouvoirs publics ont saisi la gravité de la situation. Une grosse dépression associée à des coefficients de marée élevés était en mesure d’inonder toute une partie de la commune.

Le classement de Carnac Plage en zone inondable irrite les collectivités locales

Face aux 47 morts enregistrés lors du passage de cette tempête sur la côte ouest française le gouvernement décide des 2011 de mettre en place un plan de prévention des risques littoraux (PPRL).

Ce plan prévoyant de rendre inconstructible les zones inondables provoque immédiatement l’hostilité du maire de Carnac, des collectivités locales du pays d’Auray, ainsi que de François Goulard député du Morbihan. Les enjeux sont évidemment importants. Carnac est la plus grande station balnéaire du département, et son activité touristique génère plusieurs milliers d’emplois.

Côté immobilier les enjeux sont aussi majeurs. La commune compte plus de 7500 résidences secondaires qui s’échangent couramment a plus de 6000 € le m2. Un classement en zone inondable serait une catastrophe pour les propriétaires qui verraient le prix de leurs biens fondre.

Pourtant, fin 2022 le marché immobilier reste actif. Il n’y a qu’à parcourir les sites de petites annonces où se rendre dans les agences immobilières de Carnac plage, pour constater que les prix sont toujours à la hausse.

Par exemple, une maison de 7 pièces de 133 m2 est proposée au prix de 948 000 € (7127 € / m2), tandis qu’une autre en front de mer, 6 pièces et 108 m2 est affichée à 1 234 000 € (11 425 € / m2).

Quel avenir pour Carnac Plage face à la montée des eaux

Comment expliquer que des acheteurs soient encore prêts à mettre ce prix alors que ces biens feront parti d’ici moins de 30 ans du domaine maritime ? Est-ce un déni de réalité ou un calcul spéculatif à plus long terme ? Espèrent-t-ils que les collectivités locales à coup d’argent public se mettent à construire d’immenses digues pour préserver leurs résidences secondaires si chèrement acquises ?

Si c’est le cas ce calcul me semble bien hasardeux. Autant il est souhaitable et vraisemblable que l’Etat intervienne pour sauver des zones urbaines comme Marseille et d’autres villes exposés aux risques de submersion. Autant il est peu vraisemblable qu’il dégage des moyens colossaux pour sauver de la montée des eaux des résidences secondaires occupées moins d’un mois par an. Il est peut-être plus judicieux d’investir dans le Morbihan dans des communes moins exposées à ce risque.

Carnac Plage devra-t-elle envisager comme les îles Tuvalu de se dupliquer dans le métavers ?